Zoom sur un couple passionné de bonsaï

Roselyne et Yves ont une passion commune : les bonsaï mais ce n’est pas la seule.

C’est Roselyne qui a débuté en 1982/1983 . Yves, lui, n’a attrapé le virus que quelques cinq ans plus tard.
C’est une émission de télévision sur Mr Rémy Samson qui a tout déclenché. Elle a trouvé « super » de pouvoir posséder une « forêt » dans le petit jardin qu’ils avaient alors, les arbres et les chênes en particulier l’ayant toujours fascinée.

C’est un pauvre marron planté n’importe comment dans un pot qui a fait les frais des débuts de Madame mais il est toujours en vie et se porte plutôt bien.

Elle a acquis ensuite son premier « vrai bonsaï » par correspondance (les 3 Suisses eh oui) en janvier 1984 pour une somme pas très modique pour l’époque de 199.00 F. Il s’agit d’un orme (zelkova nire) qu’elle possède toujours et qui a bien fortifié comme le montre les photos.

Le premier club auquel elle a adhéré a été celui de Mouscron en Belgique, les clubs nordistes n’existant pas alors. En 1987, rencontre par le biais d’une petite annonce d’autres amateurs avec lesquels un premier club ABC a été fondé.
Ils ont voulu transformer leur passion en travail/passion en ouvrant, après un stage chez Mr Rémy Samson, en mai 1988 un magasin consacré aux bonsaï et aux cactus/plantes grasses, magasin fermé quatre ans plus tard. Il faut être  grossiste ou avoir une autre activité pour qu’une telle boutique soit pérenne.

Dans le même temps, création d’un second club « Bonsaï San » (le premier ayant été dissous à la suite de problèmes personnels du président) qui a cessé d’être actif après 2/3 ans, deux des fondateurs s’en désintéressant.
Puis adhésion à « l’Arbre dans la Main » de Villeneuve d’Ascq en septembre 2000 à l’occasion de la première exposition du club.

Roselyne a passé son N1 avec succès en 2001.

Leur préférence va aux feuillus.

Pour Yves, le tronc doit être massif, plutôt droit, creux.. Il s’intéresse beaucoup aux marronniers et aux saules. Ill aime la difficulté. La nanification des feuilles et des branches lui posent d’ailleurs régulièrement quelques problèmes.
Roselyne est plus shohin, mame, érables, ormes, fleuris (dont un rosier japonais). Quelques pins et genévriers complètent sa collection.

Leurs arbres ont plusieurs origines :
Prélèvement, achat de plants en pépinière, achat d’arbres plus aboutis chez les pros du bonsaï.
Quelques uns de leurs arbres ont été sélectionnés pour les expositions de Rouen et de Metz.

Leurs espoirs :
Que l’un de leurs petits-enfants (pour les enfants c’est trop tard) se passionne et continue leur collection
Continuer bien sûr à apprendre tout azimut.
Voici leurs réflexions sur leur passion .

ROSELYNE :

Le bonsaï c’est être à « l’écoute » d’une plante. Il faut le regarder, l’observer souvent et parfois après plusieurs années il consent à « dire » comment le mener pour devenir un bonsaï. On ne répètera jamais assez que le bonsaï (comme toute passion) c’est à la fois du travail, de l’attention mais aussi et surtout du plaisir et de la fierté même s’il faut rester modeste.

Le club lui est un lieu d’échanges où les débutants apprennent des anciens mais l’inverse est également vrai. Il est aussi celui de l’amitié et des rires.

J’ai beaucoup appris avec le magasin. Il fallait mettre les arbres livrés par les grossistes en état d’être vendus et cela m’a obligée à travailler souvent (taille, rempotage) et à essayer de faire comprendre aux acheteurs le plaisir que peut donner un arbre que l’on bichonne tout au long de l’année. J’ai d’ailleurs rencontré au cours de cette période plusieurs personnes devenus des amis proches.

YVES :

« Les marronniers m’ont fasciné depuis ma plus tendre enfance. D’abord pour leur graines rondes et lisses, agréables au toucher (en contraste avec leurs enveloppes piquantes) que l’on allait ramasser en quantité dans les parcs.
Ils sont superbes en automne, les feuilles se teintent de jaune et d’orangé. Mais pour obtenir un bel automne, il faut leur éviter le soleil en juillet/août.
J’ai le souvenir d’un printemps où, entassés dans un coin de l’abri de jardin de mes parents, ils avaient donné naissance à une mini-forêt de jeunes plants. Bien sûr, j’en ai mis quelques-uns en pleine terre mais après quelques années comme ils prenaient trop de place, mon père les a éliminés un à un sauf un seul qui a survécu jusqu’à ce que je m’intéresse aux bonsaï. C’était en 1987. Il était, à cette époque, coupé à la base et était reparti en cépée de plusieurs troncs. Après avoir enlevé le pivot sans le sortir de terre, j’ai commencé à le travailler l’année suivante. Le prélèvement s’est fait trois ans plus tard, les racines avaient été retaillées la seconde année. Depuis, je continue à l’améliorer.
La grande difficulté du marronnier est de réduire la taille de ses feuilles habituellement immenses (55 cm maxi dans la nature). Mais avec de la persévérance on peut arriver à nanifier. Sur cet arbre, les feuilles les plus grandes mesurent 8 à 9 cm. J’ai deux techniques pour arriver à ce résultat :
1. défoliation lorsque les feuilles sont bien ouvertes
2. enlèvement des bourgeons apicaux en fin d’hiver. Les feuilles seront plus petites au débourrement
3. sélection des bourgeons latents.

Depuis plusieurs années, l’idée de faire des mames marronniers me poursuit. Je peux le dire maintenant : çà n’est ni aberrant ni impossible comme beaucoup me le disaient.

J’y suis arrivé. Pour cela il faut un sujet plutôt âgé, en pleine forme sur lequel, à force de pratiquer le travail cité précédemment, de très petits bourgeons latents se forment plus bas dans les replis et vont devenir les futures branches.
C’est un travail de longue haleine qui doit être poursuivi avec obstination.

Il est possible – mais cela reste à tenter – d’obtenir des feuilles encore plus petites mais elles n’auraient que 3 folioles au lieu de 5.
Il existe des marronniers à petites feuilles et à fleurs de couleur : saumon, rouge, jaune mais il est difficile d’obtenir une germination. J’ai réussi, après pas mal d’échecs, à obtenir une pousse de marronniers à fleurs jaunes (les graines ne sont pas plus grosses qu’un ongle de pouce). Il existe aussi une variété à feuilles très découpées : lacinières (aesculus laciniata) mais dont la pousse est lente.

Le gros avantage des marronniers est leur facilité de marcottage. Ce qui est intéressant pour refaire un nébari. Par contre la cicatrisation des grosses tailles peut provoquer de gros cals. Il faut bien creuser la coupe.
Vous pourrez retrouver ce couple lors de notre prochain congrès national FFB les 28 et 29 mai prochain à Villeneuve d’Ascq où Yves nous fera une thématique et une conférence sur les marronniers.

 

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